vendredi 13 mars 2009

Aphrodisiaque pour lecteurs impuissants




J'ai toujours eu peur des plongeoirs.
De la béance aqueuse carrelée de "je perds pieds", comme baveuse à ses commissures, pour happer les baguenaudeurs dénués de bouées.

J'ai alors tenté de masquer ma crainte des classiques de la littérature française par une attitude - peu crédible - légèrement dédaigneuse mâtinée de réglisse. Oui, probablement la peur de recevoir des uppercuts raffermis par plusieurs décennies de consécration.

L'appréhension de ne pas être à la hauteur. De sortir loqueteux et ébouriffé de la dernière page. Comme violé par sa propre incapacité à embrasser le sens de l'oeuvre, à percevoir les clins d'oeils historiques, à apprécier les subtilités d'un style, qui malgré ses assauts chatouilleurs, laisserait mon esprit frigide.

Catherine Meurisse, collaboratrice de Charlie Hebdo a l'immense mérite de nous livrer là les secrets ingrédients, si convoités, de LA prof de lettres idéale. A laquelle les escouades des nouveaux titularisés entrant sur le front, ont sûrement inconsciemment rêvé durant leurs propres ennuis scolaire.

De la fin'amor aux oulipiens, l'auteure nous barbouille joyeusement les vicissitudes de ses hommes de lettres préférés, en saupoundrant sa narration imagée de délicieuses anecdotes. Le tout avec un esprit de synthèse stupéfiant. Le rythme est aussi limpide que rapide.
En feuilletant les pages, on redevient môme-sur-tapis-volant. Tu sais, ceux qui ont les yeux écarquillés lors de l'heure du conte du mercredi après-midi à la bibliothèque municipale.

Certains strips sont hilarants et on sourit fréquemment en découvrant ses audacieux anachronismes (Les acolytes de la Pléïade singeant les Beatles sur les clous d'Abbey Road, exemple parmi d'autres).

A lire, à lire!

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