mardi 10 mars 2009

Nostanalogique



Architecture sonore, morphisme acoustique, cinématique sonique...
Les hypallages ne sont pas le monopole des poètes en mal d'images décalées.

Parce qu'il n'est pas évident à notre époque de faire comprendre à ses interlocuteurs que l'on peut ressentir des textures, de la matière, de l'onctuosité, en écoutant un morceau de musique.
Sous peine de se voir estampiller "pé-cher qui carbure aux cachetons" par les festivaliers avec lesquels tu es amené à discuter en attendant ton tour à la buvette. Ou d'être simplement perçu comme fou par le pan de la nouvelle génération qui s'accoutume à construire et éduquer son rapport à la musique via le haut parleur des téléphones portables.

Twenty Systems, c'est une sorte de grimoire que l'on pourrait trouver par hasard dans un bac d'une médiathèque. Grimoire parce qu'à même de dévoiler des clés insoupçonnées sur une frange méconnue voire inconnue du passé plus ou moins proche. Le genre d'album qui impacte initialement par son visuel, qui n'est pas sans rappeler l'esthétisme développé sur les compilations An anthology of noise & electronic music du label Sub Rosa.

Vingt pistes pour vingt années s'égrenant de 1968 à 1987. Chacune illustrée par un synthétiseur singulier. Moog, Korg, Yamaha, Roland, autant de déclinaisons qui badigeonnent l'environnement d'écoute de nappes aux textures diversement tressées.

Ce qui prime immédiatement après la première écoute, c'est cette frustration jusque là inconnue, de se sentir comme atrophié des tympans, comme inapte à percevoir toute l'amplitude thermodynamique des sonorités, comme impuissant à embrasser la totalité du spectre des fréquences.

Benge nous livre une œuvre d'orfèvre, embellie par un packaging classieux.

Pour les synesthésiques, les collectionneurs, les mélomanes et les passants curieux.

Aucun commentaire: